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Textos contemporáneos

Vane

Ivšić , Radovan (Croacia)

Poète et auteur dramatique, né en 1921 à Zagreb et décédé le 25 décembre 2009 à Paris, Radovan Ivšić a réussi à être interdit aussi bien pendant l'occupation allemande que par le régime titiste. C'est en effet en 1945 que les chantres du réalisme socialiste, renforcés par les premiers surréalistes yougoslaves tour à tour devenus staliniens et/ou titistes, lui ferment pour trente ans les portes du théâtre. Sa poésie connaît le même sort, bien que son poème, Narcisse, ait été saisi en 1942 par le régime oustachi comme symbole de l'art décadent. Du coup, il devient essentiellement traducteur, non seulement des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, du Dom Juan de Molière, mais aussi de Maeterlinck, Marivaux, Mérimée, Apollinaire, Giraudoux, Ionesco, Breton, Césaire... En tant qu'auteur dramatique, il a écrit, entre 1941 et 1956, de nombreux textes de théâtre dont le plus connu est Le Roi Gordogane (1943), cité par André Breton comme une date notable dans les éphémérides surréalistes. On lui doit également Aiaxaia ou le Pouvoir dire. En 1954, il parvient à gagner Paris où il vit depuis lors et où, sur l'invitation d'André Breton et de Benjamin Péret, il a participé à toutes les manifestations du mouvement surréaliste. À partir de là, il écrit presque exclusivement en français. Avec les années 1970, l'œuvre de Radovan Ivšić est peu à peu "réhabilitée" en Yougoslavie sous la pression des jeunes générations qui choisissent même le nom d'une de ses pièces, Gordogane, pour titre de leur revue. Un peu avant la publication de son théâtre, paraît, en 1974, Crno, un important choix de ses anciens poèmes.

La courte pièce Vané fut écrite pour le vocabulaire du théâtre d’ombres (1943) et se situe en «écart absolu» avec le régime oustachi, alors régnant en Croatie. On ne peut en effet imaginer vision plus étrangère à l’idéologie fasciste.
Vané, le personnage éponyme de cette pièce, est un petit garçon qui obéit tout naturellement à son imaginaire et, du coup, désobéit tout aussi naturellement à l’ordre familial briseur de rêves. Car Vané comprend dans sa naïveté que la vie – la vraie vie – commence en désertant les sentiers balisés et que la simple liberté d’être se conquiert d’abord avec l’arme invisible de l’imaginaire, toujours à même de faire surgir le merveilleux ici et maintenant.

Apparaît ici dans sa forme la plus dépouillée un des thèmes majeurs de Radovan Ivšić, convaincu que la quête du merveilleux se confond avec celle de la liberté et que l’une comme l’autre ne peuvent avoir de fin. Vané, courte pièce écrite en 1943 pour un théâtre d’ombres, a été jouée avec des acteurs à Dubrovnik en 1980 et a été représentée pour la première avec des ombres par le marionnettiste Clément Peretjatko en 2006, en présence de Radovan Ivšić.