Malraux dit une chose très simple sur l’art « c’est la seule chose qui résiste à la mort » … et quel rapport y a-t-il entre la lutte des hommes et l’œuvre d’art ? Le rapport le plus étroit et le plus mystérieux. Exactement ce que Paul Klee voulait dire quand il disait : « vous savez, le peuple manque. » Il n’y a pas d’œuvre d’art qui ne fasse appel à un peuple qui n’existe pas encore ». Gilles Deleuze, extrait de la conférence « qu’est-ce que l’acte de création ? donnée dans le cadre des Mardis de la fondation Femis, 1987

Chè-e.r.e.s Président.e.s de centres nationaux, che.r.e.s Représentant.e.s, chè-e.r.e.s collègues, chè-e.r.e.s membres, chè-e.r.e.s ami.e.s,

Notre monde change à une vitesse de plus en plus grande. Les voyages nous rendent de plus en plus proches comme de plus en plus lointains dans des frontières que chacun hisse comme des distinctions salvatrices, nécessaires et comme aussi superflues. Le relativisme nous fait oublier que jamais une vie n’est qu’une vie et que notre questionnement en tant qu’artiste ou amoureux de l’art ne se résume pas qu’à un passe-temps ou même à un divertissement. La marionnette change le monde dans ce rapport d’invention de la matière et de la main. Plus qu’un geste, la création de la marionnette s’inscrit dans l’acte de la création et du théâtre, dans l’acte du rassemblement et de la proposition qui fait et donne sens à ce qui paraît fragile, vulnérable et essentiel. Cette pandémie de Covid-19 crispe, elle nous plonge dans un malheur sans nom et dans cette responsabilité de devoir répondre à la perte, à la souffrance comme à l’injustice toujours plus grande. Cette perte, cette souffrance, cette injustice nous frappent et anéantissent ce qui nous est le plus cher et le plus précieux, à savoir le lien. Nous vivons dorénavant dans la crise et dans l’espoir que le sort puisse redevenir liberté et écoute.

Jamais la communication n’a été aussi importante et flagrante dans l’existence de l’art. L’ouverture n’a jamais été aussi indispensable face au repli, le partage face aux formes du confinement. Il nous reste la matière pour rêver, pour penser et créer dans de nouvelles formes. L’UNIMA n’échappe pas aux enjeux de son temps. Et peut-être mieux que toute organisation, notre organisation se positionne dans une des périodes les plus cruciales et les plus tourmentées, car nous l’inscrivons dans de nouvelles visions et de nouvelles questions. Nous ne pouvons imaginer que ce qui a été avant sera comme une évidence de demain, et que l’avenir n’est pas seulement un prolongement ou une continuation de ce qui a été. La transition est d’autant plus importante que nous avons changé par la fin d’un cycle des manières de voir et de travailler qui était en place depuis la chute du mur de Berlin, et que le congrès virtuel de ce mois d‘avril 2021 a inscrit, dans la durée, un tournant dans un choix de changement et d’un devoir de renouveau. Je salue le travail considérable mené ces 5 dernières années par la personne qui m’a précédée à ce poste, Idoya Otegui, de même que tous mes prédécesseurs dans la lignée desquels je souhaite m’inscrire. Jamais jusqu’à présent, l‘UNIMA n’a dû faire face aux besoins d’un horizon, d’une parole plus ouverte et de projets plus rassembleurs. Notre organisation, comme sa communication, s’inscrivent dans de nouvelles manières de faire et de travailler plus que jamais horizontales et dans la volonté de faire et de travailler mieux, pour une plus grande visibilité et des liaisons de plus en plus présentes entre membres, centres nationaux, commissions de projets et l’ensemble du nouvel Exécutif.

Que devons-nous retenir de cette dernière élection ? Tout d’abord la participation grande, car jamais une élection n’a été aussi suivie, et jamais une élection n’a représenté un vote aussi démocratique. Un deuxième élément réjouissant, est la montée de nouvelles figures à la tête de bon nombre de commissions et cette montée est majoritairement féminine ! A regarder ces trois éléments, notre organisation manifeste une vitalité sans précédent ! Il reste encore des questions de représentativités plus grande de tous les continents et un plus grand nombre de candidats pour que ces élections puissent réaliser pleinement nos idéaux de partage et de fraternité autour des arts de la marionnette.

Allons de l’avant, découvrons ces nouveaux chemins qui nous attendent et qui nous poussent dans ce choix toujours plus en avant (et non pas du recul ou du repli) dans la conscience et le corps de nos arts. Marquons aussi nos solidarités et nos entraides plus fortes qu’avant ! Nous serons d’autant plus responsables que nous répondrons aux nouveaux défis de l’écoute et de la création. Nous nous confronterons aux risques et à la chance de réussir plus humain le changement de cette nouvelle époque, de ce nouvel espoir.

Nous vous remercions de vos soutiens et de vos engagements futurs comme passés pour l’Unima. Nous vous remercions de la confiance que vous portez à ce nouvel Exécutif et pour les projets que nous mènerons à vos côtés. Nous vous remercions de croire en l’Unima.

Dimitri Jageneau
Secrétaire général de l’UNIMA