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Union Internationale de la Marionnette

ONG - Partenaire officiel de l'Unesco

Message International de Joan Baixas – 21 mars 2012

Dernière modification: 16-12-2016

Aujourd’hui, c’est jour de fête

Joan Baixas

Joan Baixas – Photo Jordi Bover

D’un geste résolu, mettons de côté nos journaux, coupons court à la diffusion des nouvelles et proposons un toast à l’art et à la fraternité, car aujourd’hui c’est jour de fête, nous célébrons la Journée mondiale de la marionnette. Nous ne pouvons oublier la douleur, la pénible réalité des disgrâces et des catastrophes qui affligent le monde mais, précisément parce que nous ne pouvons oublier, nous allons célébrer la dignité humaine, le zèle insatiable des humains pour glorifier la vie malgré les malheurs et la mort.

L’art est un hymne à cette dignité et réunit, par la poésie, en une marée continue, générations passées et futures, clans et cultures. L’art établit une complicité de regards entre les personnes qui s’émerveillent ensemble, créateurs et spectateurs, dans l’exploration de l’inconnu. Tout acte artistique représente un grain de sable gênant dans l’engrenage de la réalité.

L’art de la marionnette tend vers ces objectifs à grand pas. Chaque fois que nous animons un personnage nous signons une déclaration d’indépendance. Fille rebelle des arts de l’image et des mots, de l’interprétation et de la narration, la marionnette renforce le compromis avec l’innocence, lieu de bonheur, et convoque aussi l’autre extrême, la cruauté.

L’innocence est importante, elle est harmonieuse et fertile, comme en témoignaient Jarry ou Kurosawa, Miro, Arseniev et tant d’autres.
À la cruauté, il convient de prendre les mesures du costume et d’examiner la face avec sarcasme.
 »L’animal vit dans la nature comme l’eau dans l’eau » (M.Éliade). La marionnette vit dans l’imaginaire comme l’eau dans l’eau. Un territoire où la raison côtoie les royaumes de l’animal et du végétal, de la terre et de l’eau; l’imaginaire est la réserve d’énergies des gens et des tribus et la marionnette y joue librement comme un roi, sans analyser, sans intervenir, elle prospère.

 »Le signe différenciateur de l’animal humain est l’animation et la première animation qu’ont inventée les hommes c’est les dieux. L’animation fait de nous des personnes » (P. Sloterdijk.) L’acuité de cette réflexion philosophique imprègne de mystère l’acte fondateur du marionnettiste: donner la vie à l’inanimé et inviter les gens à cette sorcellerie.

Il y a déjà quelques années, une poignée de marionnettistes ont eu la bonne idée de créer une organisation pour renforcer les échanges culturels. L’UNIMA, déjà convertit en une réalité consolidée et étendue au monde entier, est plus nécessaire que jamais pour orienter les efforts de la profession vers les objectifs de l’art et de la dignité humaine.

Aussi louangeons les dieux de nous avoir inspiré cette profession, remercions nos grands-pères d’avoir créé l’UNIMA et célébrons la magnificence de l’art de l’imaginaire en levant nos verres à la Marionnette.

Amis, ayons une BELLE FÊTE !

Joan Baixas

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